Données, faits et chiffres sur la cigarette électronique

Publié le : 18 mars 202110 mins de lecture

Des images effrayantes sur les paquets de cigarettes, elles deviendront bientôt réalité suite à une décision du Parlement européen. Dans le même temps, le Parlement a décidé que les liquides pour la cigarette électrique resteront disponibles librement et ne seront pas interdits dans les pharmacies. Une victoire pour le tabagisme électrique ? Les chiffres semblent au moins l’indiquer, car la cigarette électronique est de plus en plus populaire. De plus en plus de fumeurs se tournent vers la vapeur, et certaines célébrités essaient d’arrêter de fumer avec elle.

Qu’est-ce que le vapotage?

Les produits de vapotage (cigarettes électroniques ou e-cigarettes) sont des dispositifs à pile qui chauffent un liquide et produisent un aérosol que l’utilisateur inhale (respire) dans ses poumons. Ces dispositifs sont parfois appelés vaporisateurs, « mods », narguilés électroniques, « sub-ohms », systèmes à réservoir ou vaporisateurs-stylos. Leur apparence peut varier légèrement, mais leur fonctionnement est similaire.

Le liquide (parfois appelé e-liquide) contenu dans un produit de vapotage est composé d’une variété d’ingrédients, qui incluent habituellement de la nicotine (la drogue que l’on trouve dans les produits du tabac et qui cause une forte dépendance), du propylène glycol, de la glycérine végétale et des arômes. Plusieurs de ces substances sont considérées comme sécuritaires à ingérer (à consommer dans l’alimentation); toutefois, lorsque ces liquides sont chauffés, il s’en dégage d’autres substances chimiques dont l’inhalation pourrait ne pas être sécuritaire. Par exemple, le processus de chauffage peut produire des substances chimiques comme du formaldéhyde et d’autres contaminants, y compris du nickel, de l’étain et de l’aluminium.

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E-cigarette en Allemagne : avance dans le nouveau millénaire

La cigarette électronique n’est pas une invention complètement nouvelle, il y avait déjà des premiers modèles dans les années soixante. Mais, ce n’est qu’après le tournant du millénaire qu’il est arrivé sur le marché chinois et qu’il a conquis depuis lors le monde entier. Dans de nombreux pays, la cigarette électrique s’est révélée être un best-seller. Selon une étude du Centre allemand de recherche sur le cancer (Centre allemand de recherche sur le cancer, DKFZ) réalisée l’année dernière, ce sont surtout les fumeurs qui veulent arrêter de fumer qui choisissent la version électrique. Ils utilisent l’e-cigarette parce qu’ils lui attribuent un risque sanitaire plus faible qu’au tabac à combustion lente. Il n’est, donc, pas surprenant que les ventes de tabac aient chuté l’année dernière, lorsque les ventes de cigarettes ont atteint un niveau record depuis la réunification.

Les experts attribuent principalement cette situation à l’augmentation de la taxe sur le tabac, mais de nombreux fabricants n’ont répercuté cette hausse sur les consommateurs qu’au second semestre. Selon une étude du Centre fédéral pour l’éducation à la santé, 80 % des jeunes de 12 à 17 ans en Allemagne ont déjà entendu parler de la cigarette électrique.

Un regard sur les pays voisins : succès triomphal et limitation

L’examen des autres pays confirme le succès triomphal de la cigarette électrique. En Grande-Bretagne, onze pour cent des fumeurs sont des consommateurs de l’e-cigarette, selon une étude de l’organisation « action sur le tabagisme et la santé ». En Amérique, des chercheurs du « Centre de contrôle et de prévention des maladies » ont constaté que l’utilisation des e-cigarettes chez les étudiants a doublé: en France, des rapports montrent que jusqu’à 9,9 millions de Français se tournent vers les e-cigarettes, dont de nombreux jeunes consommateurs de tabac qui veulent arrêter de fumer.

Le marché des e-cigarettes en France était encore estimé à 40 millions d’euros, avec des chiffres allant jusqu’à 200 millions. Et en Italie, la demande a tellement augmenté que l’État craint pour les revenus de la vente de tabac. Une taxe de pas moins de 58,5 % est prélevée sur les cigarettes électriques

Les célébrités font des essais et la science montre que les e-cigarettes sont adaptées pour arrêter de fumer

Une revue médicale a écrit l’année dernière en noir et blanc : « les e-cigarettes conviennent parfaitement comme aides au sevrage tabagique ». Leur efficacité est similaire à celle des patchs à la nicotine. Cela plaira non seulement à ceux qui passent à la cigarette électronique, mais aussi à certaines célébrités. Robert Pattinson, par exemple, essaie de vivre plus sainement avec la cigarette électrique. L’acteur vampire de la trilogie Twilight a récemment échangé sa cigarette contre une e-cigarette pour arrêter de fumer et est maintenant en bonne compagnie. Leonardo DiCaprio a déjà produit de nombreuses images et déclarations sur la vaporisation des e-cigarettes, Johnny Depp l’a même fait devant la caméra, l’actrice Katherine Heigl, Lindsay Lohan, Dennis Quaid et de nombreuses autres célébrités ont déjà été vues avec la cigarette électrique.

De la cigarette à la vapoteuse

Ainsi, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) nous révèle que plus de la moitié des fumeurs a essayé un de ces produits (57,8 %). En comparaison, seuls 5,6 % des non-fumeurs ont testé l’e-cigarette. Un chiffre depuis en chute, ce qui souligne qu’il n’y a pas de réelle création d’addictions nouvelle du fait des e-cigarettes et consorts. On assiste au contraire à un transfert des cigarettes classiques vers le vapotage : 98 % des vapoteurs étaient des fumeurs ou des ex-fumeurs (75 % des fumeurs réguliers, 8 % des fumeurs occasionnels et 15 % d’anciens fumeurs).

L’étude sortie en début de mois dans Santé publique France, intitulée « le tabagisme en France : comportements, mortalité attribuable et évaluation des dispositifs d’aide au sevrage », inverse la logique, et étudie les changements d’habitudes sous l’angle des vapoteurs. Elle met en perspective les comportements des vapoteurs, notamment par rapport à la cigarette. On apprend ainsi que la proportion d’ex-fumeurs au sein des vapoteurs, soit les fumeurs ayant définitivement délaissé la cigarette au profit de la cigarette électronique, a récemment encore augmenté, passant de 15 % à 26 %.

On assiste, donc, à un phénomène où l’e-cigarette prend la place de la cigarette dans la vie d’un nombre croissant de fumeurs. L’étude se félicite ainsi de l’ « efficacité potentielle de l’e-cigarette dans l’arrêt, au moins momentané, du tabac » avant d’ajouter que « certaines études récentes ont d’ailleurs estimé que le vapotage est un moyen efficace de réduire la prévalence tabagique dans les pays où cette prévalence est élevée ».

De bons résultats en Europe

Cette tendance dépasse en effet l’Hexagone. D’après le dernier baromètre sur la cigarette électronique et la prévalence tabagique, publié par l’Union européenne, 14 % des Européens fumeurs ont réussi à se sevrer totalement grâce à la cigarette électronique. On estime, ainsi aujourd’hui, à 400.000 le nombre de personnes ayant arrêté de fumer des cigarettes grâce à la cigarette électronique. Certains ont même arrêté la cigarette électronique par la suite (24,2 %), et n’apparaissent, donc, plus parmi les vapoteurs qui ont quitté la cigarette.

Mais plus généralement, 67,3 % des utilisateurs actuels de la cigarette électronique ont arrêté de fumer ou réduit leur consommation de tabac. Ces nouveaux produits ont, donc, un impact important sur le tabagisme, mais surtout changeant en fonction du consommateur. Les facteurs qui poussent un fumeur à vapoter ou à utiliser un produit du tabac sans combustion peuvent se recouper, mais ils s’accompagnent pour la plupart d’un comportement différent quant au tabac.

Mieux que les patchs nicotiniques

Pourquoi passer à l’électronique ? 66 % des fumeurs vapoteurs et 80 % des ex-fumeurs vapoteurs invoquent les risques de la cigarette sur leur santé. La liberté d’utilisation a été déterminante pour 28 % des fumeurs vapoteurs et 20 % des ex-fumeurs et le respect de l’entourage (l’envie de ne pas déranger leurs proches et collègues) pour la moitié.

En général, l’e-cigarette est perçue comme le meilleur moyen d’arrêter définitivement de fumer (92 % de la population, contre 3 % qui préconise la reprise du sport et 1 % les patchs nicotiniques). Et pour ceux qui alternent, la réduction du risque de maladies du fait des e-cigarettes serait de l’ordre de 95 %, d’après les recherches.

Malgré ces progrès sensibles dans la réduction des risques liés au tabagisme, il est très surprenant de ne pas voir le gouvernement parler de la cigarette électronique dans le cadre du « Mois sans tabac ». L’État propose en effet un kit d’aide dans le cadre de cette action que chacun peut commander sur internet ou trouver en pharmacie.

Il n’y est nulle part fait mention de la possibilité de réduire les risques liés au tabac grâce aux nouveaux produits du tabac sans combustion ou grâce à la cigarette électronique. Dommage, par conséquent, de constater que le gouvernement ne soutient pas les nouvelles technologies qui sont à la pointe de la lutte anti-tabac.

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